JEANNE
Un plus un font deux. Deux et deux font quatre. Et si chacun des quatre se joignent également à quatre autres, ça fait seize. Imagine-toi que ces seize fréquentent également trois ou quatre autres personnes…On atteint rapidement soixante-quatre. Ces soixante quatre personnes fréquentent également chacune plusieurs personnes à la fois… C’est infini. On additionne. On ajoute. Et on devient alors une multitude. On est reliés les uns aux autres, comme une chaîne. Pardonne-moi ces additions, cher auditeur, mais c’est plus fort que moi. Je suis mathématicienne. Les gens ont beau me dire que je ne suis pas rationnelle. Au contraire. Je le suis vraiment. L’amour, ça ne se soustrait pas. Ca s’additionne. Ca n’est pas parce que j’aime plusieurs personnes à la fois que je les aime moins. Au contraire. J’ai bien plus d’amour à donner. Je t’assure. C’est des mathématiques.
On entend la Javanaise de Serge Gainsbourg.
JEANNE
Cher auditeur, je vais tenter par l’intermédiaire de tes oreilles attentives, de te prendre par la main pour atteindre ton cœur. Oui, j’essaierai, à travers l’histoire que je vais te raconter, de toucher ta corde sensible, de réveiller et de révéler l’amoureux que tu es.
Cher auditeur, oui, toi qui m’écoute dans ta voiture, en coupant tes oignons, ou face à la mer, tu es peut-être un polyamoureux qui s’ignore…Alors je vais te partager un bout de mon histoire. En ce qui me concerne, ça commence en Mai 68. Et ça commence avec ceux qui m’ont mis au monde. Il était une fois les amours pluriels.